En toute quétude. [ L

Michael se promenait non loin de là, en fait il joggait.
Ses cheveux foncés se soulevaient légérement au rythme de ses pas, l'air était revigorant.
Le soleil avait fait son apparition, ses rayons venaient réchauffer les passants.
Ouais, le printemps était là, et il était grand temps.
Les oiseaux commençaient de nouveau à chanter leurs douces mélodies, on appercevait les fines tiges des fleurs qui naissaient.
Mick aimait bien le printemps, c'était comme si tout renaissait, tout redevait splendide, accueillant.
Son regard se posa sur un groupe de 3 ou 4 écureuils qui se pourchassaient avec énergie.
Ils détalèrent entre les arbres, puis disparurent plus loin dans le petit bois près du parc.
Il souria devant cette scène, puis regarda les gens autour de lui.
Une mère avec son enfant, un couple dans la quarantaine, quelques jeunes adultes qui discutaient..
Puis il appercut au loin une jeune femme qui trébucha, il s'approcha d'elle vivement.
Il vit qu'elle se relevait, mais il voulait être certain qu'elle n'ait rien.
Il lui souria chaleureusement, un de ses sourires en coin tout charmeur.
C'était un truc naturel chez lui, il ne cherchait pas à draguer tout le temps.
- Salut ! Tu n'as rien ?
Il fronça les sourcils en signe d'inquiétude, il n'aimait pas voir les gens avoir mal.
Sauf les gars avec qui il se battait, mais ça, c'était un autre histoire..
Et de toute façon, il ne cherchait pas le trouble.
Il plongea son regard limpide dans celui plus sombre de Ginger, la laissant réagir à ses paroles.

Michael sursauta lorsqu'elle se rattrapa après lui.
Il l'aida à se remettre debout d'une main solide, puis souria.
En effet, sa bonne humeur était contagieuse.
Il s'esclaffa donc avec elle, leurs rires faisant échos aux autres bruits autour d'eux.
- Bah, tant mieux, ça apporte du piquant dans une vie, je crois !
Il souria de nouveau, toujours ce sourire au coin des lèvres, mystérieux et charmeur en même temps.
Il passa une main dans ses cheveux, les mettant un peu en bataille.
Il le faisait toujours, c'était une habitude agacante, à la longue.
Mais bon, tant pis, il n'était pas capable de s'en débarasser.
Il lui fit un clin d'oeil à sa dernière phrase.
- Ouais, je suis indispensable !
Il rigola quelques secondes, puis se reprit, souriant tranquilelment à Ginger.
- Moi c'est Michael.
Il remarqua qu'elle tendait à fuir son regard, il eut un petit sourire moqueur.
Ouais, beaucoup de gens le fuyait.
Parce que le bleu très pâle de ses yeux rendait souvent les gens bizarres..
Il ne savait pas trop pourquoi, peut-être parce qu'ils avaient l'impression qu'il pouvait lire au travers eux.

Ce n'était pas tant la peur de se faire lire que la couleur de ce regard lui rappellait tant de souvenir. Il avait la même que celle qu'elle avait quitté peu de temps auparavent et le souffle lui manquait chaque fois. Elle fit une nouvelle tentative, croisant avec prudence ces yeux d'un bleu mortifiant. Elle eut un petit hoquet, mais résista et tint bon. La jeune femme sourit, hypnotisée par ce regard qu'elle regrettait d'avoir laissé.

« Oh, quelques fois, je préférerais ne pas l'avoir! C'est rendu que les infimières de l'hôpital d'où je viens m'interpellait par mon surnom, tellement j'y étais souvent! »

Elle rigola, même si le coeur n'y était pas à se rappeller les fois où elle s'était retrouvée en chambre d'hôpital pour une cassure, une fêlure, une commotion cérébrale. Elle soupira, puis quitta à regret les yeux du grand jeune homme devant elle, s'accrochant à la contemplation du paysage.

« C'est beau. C'est la première fois que je viens ici, mais je vais surement y revenir. Ça fait longtemps que tu es là, toi? »

Demdanda-t-elle en retrouvant sa bonne humeur cordiale, naturelle. Elle lui lança un sourire d'enfant, curieux et ensorcelleur. La rangée de dents blanches et bien alignées contrastait avec le rouge de ses joues fraîches.

Michael souria quand elle soutint longuement osn regard.
Les échanges de regards, il adorait.
Cela créait déjà un léger lien entre les 2 personnes, qui que ce soit.
Comme si on autorisait l'autre d'entrer dans nos.. Pensées ?
Il rigola devant sa première affirmation, en effet, il y avait aussi des mésaventures reliés aux maladresses.
Il souria à sa question, hochant la tête tranquillement.
- Ouais, en fait, j'suis le directeur des Arabes.
Il souria, il savait qu'elle provenait des anglais, puisqu'elle n'était pas jockey dans son élevage.
Mais bon, il n'allait s'empêcher de faire de nouvelles rencontres juste parce qu'ils n'étaient pas nécessairement dans son élevage.
Il remarqua son sourire enjoué, qui justement lui rappela ceux des enfants.
Il promena son regard autour de lui, puis reint le poser dans celui de Ginger.
- Tu as trouvé ton cheval ?
En attendant qu'elle réponde, il scruta l'horizon de ses yeux perçants, pour ne pas l'intimider.
Parce qu'en effet, il avait remarqué son hésiation, son trouble face à son regard clair.
Il ne savait pas ce qui l'avait fait changer d'avis, pour qu'elle réussisse finalement à le fixer, mais il ne voulait pas la gêner non plus.
Les écureuils de tantôt refirent leur apparition, ils s'amusaient encore.
Ouais, le printemps était uen belle saison.
C'était énergique, un peu comme Ginger.
Ouais, avec son air enjoué, son dynamiste et sa bonne humeur, elle lui rappelait justement le printemps.
Il souria d'amusement devant sa réflexion, puis reoturna de nouveau son regard dans le sien.

Ginger sentit remonter dans son thorax une grosse boule, dure à avaler. Elle inspira longuement, renifla ―cela pouvait facilement se mettre sur le compte du nez qui coule― pour que le mucusn'entraîne pas la crise de larmes. Ce n'était ni l'endroit, ni le moment, ni la personne adéquate, pour cette attitude. Elle se ressaisit en redressant les épaules, elle avait fière allure. Le menton relevé, le regard porté au loin, Gigi faillit se perdre dans ses pensées, mais la voix douce de Math la ramena sur terre et, par habitude, elle replongea dans ses yeux. Cette fois, le contrôle lui manqua et le sol se déroba sous ses pieds. Elle perdit l'équilibre et eut un violent vertige. Retrouvant sa tête à temps, elle quitta le regard bleuté de Math pour le bout de ses chaussures, sentant le feu lui brûler les joues. Par chance, elles étaient déjà roses!

« C'est l'autre élevage de Horse Run, c'est ça? J'en ai entendu parler, on m'a dit beaucoup de bien, j'ai failli le prendre, mais je savais que j'aurais été malheureuse. Les Arabes sont trop nerveux pour moi, il m'est difficile de ne pas ressentir toute cette énergie, et c'est plutôt... explosif quand on me voit à cheval sur un Anglais, donc un Arabe, ça devient dangereux! »

Elle rigola, doucement, tentant par tous ses moyens de ne pas penser à celui qu'elle avait laissé, celui qui manquait maintenant dans son petit coeur esseulé. Elle ferma les yeux, la tête toujours baissée. Avait-elle trouvé son cheval? En voulait-elle vraiment un, maintenant?

« Non, pas encore, je cherche la perle rare, comme celle que j'avais avant, d'où j'arrive. Je le montais presque tous les jours. C'était mon bébé, mon petit poussin rien qu'à moi, Monsieur Marc le savait, c'est pour ça qu'à chaque fois que j'avais à m'entraîner, il me refilait ce petit bout de cheval. Oh! il n'était pas grand, mais Bon Dieu qu'il en avait dedans! »

Elle s'arrêta un instant, repris son souffle. Elle fit bouger son petit nez de gauche à droite et s'excusa, penaude :

« Excuse-moi, je dois surement t'ennuyer avec mes histoires nostalgiques, mais je parle tout le temps trop. C'est inné chez moi! »

Et elle se remit à rire, de ce rire carillonant qui vous donnait envie d'être encore un enfant pour pouvoir rire, jouer, s'envoler dans nos rêves.

Michal remarqua le changement d'attitude de Ginger.
Il n'était pas si idiot que cela, il voyait bien que ce n'était pas son nez qui coule.
Ouais, il avait toujours le tour pour deviner els émotions des autres.
Il l'aida à ne pas tomber, inquiet pour elle.
Sourcils froncés, il chercha des yeux les siens.
- Hey, ça va pas ? Si tu veux, je peux te reconduire..
Puis, elle parla de son ancien cheval.
Cela fit naître un sourire compréhensif sur son visage.
Il hocha la tête tranquillement.
- Ouais, je comprend.. Moi non plus, c'est idiote je sais, mais même si je suis le directeur des arabes, je ne préfères pas être le propriétaire complet d'un cheval..
En effet, être l'acheteur des chevaux de son élevage et être leur premier propriétaire lui suffisait amplement.
Il trouvait ensuite les demi-propriétaires qui s'occupaient du cheval comme le leur, puisqu'ils en avaient maintenent la responsabilité.
Mick n'était pas encore prêt d'avoir un vrai cheval, même si ça faisait 3 ans que l'accident s'était produit..
Puis il rigola à ses toutes dernières paroles.
Elle ne l'ennuyait aucunement, en fait, sa compagnie joviale était intéressante, amusante.
- Non, tu me m'ennuies pas, et ça m'apprend à en savoir plus sur toi..
Il posa son regard rassurant dans le sien, pour lui prouver qu'il était sincère.
Il soupira, puis alla s'assoir sur un banc tout près d'eux.
Il invita Ginger à le rejoindre d'un signe de la main, puis soupira.
- Tu sais.. Je crois qu'on finit toujours par trouver le bon cheval. Un autre qui ressemble à celui qu'on a aimé. Ça peut être long, mais je te garantis qu'un jour, tu vas retrouver ce que tu aimais chez ce cheval. Peut-être pas ici, peut-être que oui. Mais l'important, c'est d'y croire.
Il força un léger sourire, nostalgique lui aussi.
- Moi, ça fait 3 ans que j'attend. Et je ne me décourage pas.. J'attends d'être prêt. Et je n'en suis pas plus mal pour autant.
Il souria, parfois, les gens se garochaient sur le premier cheval venu après la eprte de leur premier.
Très mauvaise idée, selon lui.. Un cheval n'était pas un simple jouet pour s'amuser à faire de l'équitation.
Non, il était plus que ça. Il était un ami merveilleux, un compagnon hors pair.

Ginger n'entendit pas la voix de Michael, elle était occupée à reprendre un souffle normal. Son contact était chaud, même sous les couches de vêtements et elle ferma les yeux très fort pour faire disparaître les images derrière ses yeux. Lorsqu'elle releva la tête, il la regardait. Elle replongea aussitôt sur la pointe de ses chaussures, comparant inconsciemment ses petits pieds menus à ceux, très grand, du jeune homme devant elle. Un sourire nacquit sur ses lèvres et elle soupira longuement en reportant son attention sur ce qu'il disait. Est-ce que ça allait? Est-ce que ça pouvait aller? Non, bien sûr que non, mais Ginger hocha la tête de haut en bas en faisant oui avec ses lèvres sans qu'un son ne sorte. La reconduire? Non. Elle secoua la tête. Puis, il reprit et elle sourit de nouveau. Pouvait-il réellement comprendre? Elle l'espérait sincèrement, elle ne voyait que le beau chez les gens.

« Je ne suis pas sûre que tu veuilles en apprendre plus sur moi! »

Rigola-t-elle en le suivant précautionneusement vers le banc, même s'il transperçait dans sa voix une pointe amère. Elle déblaya la place et s'y posa en soupirant de soulagement, ses jambes étaient flagoleantes. Elle renversa la tête vers l'arrière, baignant sa gorge de la lumière du soleil, faisant miroiter sa peau blanchâtre.

« Tu sembles être fort, Michal. Très fort, je veux dire. Pas nécessairement physiquement, mais mentalement. Ça transparaît dans ce que tu dis. »

Elle lui sourit, encourageant. Elle savait exactement ce qu'il ressentait parce qu'elle avait cette manie étrange de pouvoir deviner les gens dans leur plus profonde intimité. Savoir ce qu'ils viviaent présentement. De l'empathie, que sa pscyhologue lui avait dit un jour. L'empathie...

« Y croire, y croire, on m'a répété, le premier jour où je suis montée à cheval, de croire en moi, de croire en mon destin. »

Elle eut un petit rire amusé à ce souvenir et temrina en pouffant :

« Je suis tombée trois fois de mon cheval! À l'arrêt, en plus! »

Elle posa une main rassurante sur le bras de Michael, démontrant ainsi son respect et sa compassion au jeune homme.

Michael fronça les sourcils, en fait, justement, il aurait bien aimé en apprendre davantage sur elle.
Il souria, de son sourire si parfait, éclatant, ce sourire chaleureux qui réussissait toujours à mettre un peu de joie dans le coeur des autres.
Puis, elle lui parla. De lui. Un léger sourire appartut sur ses lèvres.
Lui aussi avait vu un psycholoque, qui lui avait dit la même chose.
Ouais, il était fort, mentalement. Dur de l'inébranler. Il gardait sons sang-froid.
Il souria, la remerciant du regard.
Ouais, il avait eu besoin de les réentendre, ces paroles.
Parce qu'il avait souvent tendance à les oublier..
Et quand les souvenirs ressurgissaient, ça faisait mal, très mal.
Mick souria quand elle parla de croire en son destion.
Il hocha la tête tranquillement, approuvant cela.
- Ouais, ils avaient raison de te dire cela.
Il l'observa silencieusement par après, puisqu'elle se remettait à parler.
Il clata de rire, tomber 3 fois d'un cheval en arrêt méritait certainement une médaille.
Ses yeux bleus limpdies pétillèrent de malice, la bonne humeur de Ginge rétait vraiment contagieuse.
- Ouais, j'aurais aimé voir ça !
Il posa les yeux sur la main posée sur son bras, puis souria encore.
Puis il posa sa large main par-dessus la sienne, comme pour lui démontrer la même chose, son respect et sa compréhension.
Après quelques secondes de silence, il se décida à lui confier son souvenir le plus prenant, le souvenir précieux qui lui brisait toujours le coeur.
Il ne se confiait pas aussi facilement, mais là, c'était surement le côté mystérieux, jovial, compréhensif et agréable à la fois de Ginger.
Il chercha ses mots, puis commença.
- Tu sais.. En fait, j'aurai préféré ne pas être directeur de haras.. Mais j'ai accepté de reprendre l'élevage de mon père, par fierté surement. Ouais, il était tellement heureux de me confier tous ces précieux arabes !
Mick eut un petit sourire, nostalgique et peiné à la fois, mais en même temps.
- Il y a 3 ans, j'ai.. Tué mon cheval.
Il leva le regard sur elle.
- Ne dis rien, je t'en pris. Laisse moi finir.
Puis il contina son histoire de passé, les mains légèrement tremblantes, tout comme sa voix d'ailleurs.
- J'étais champion de CSO. J'étais dans une compétition nationale, j'étais tellement heureux. J'avais mon magnifique étalon gris, Jump Holly Boy, mon cheval préféré, le cheval que j'avais dressé. Un ami merveilleux, ut vois ? Je galopais rapidement sur la piste, enchainant obstacle après obstacle. Un sans faute, j'avais presque réussi. Plus qu'un obstacle.Un spa vraiment très haut. Mais.. Jump a hésité. Je l'ai senti, mais je l'ai poussé. Claquement de langue, pressement de mollet sur ses flancs. Il était bien dressé, il me faisait confiance. Donc, il a continué. Mais.. Le spa était surement trop haut pour lui. Et je n'aurais pas du le pousser à la dernière seconde. Tout ça pour ne pas faire de refus.. Parce qu'il a heurté le saut, il n'était pas prêt, pendant son saut. Il a fait une horrible culbute.. Et est mort sur le coup. Fracture de la colonne. Et moi, envoyé valsé à quelques mètres plus loin. Écorché, étourdi, mais vivant.
Ses larmes roulaient sur sa joue, lui qui ne pleurait que rarement en public.
- La vie est si injuste. Je.. Je n'ai plus jamais remonté. Ça fait 3 ans. Je ne me sens pas encore prêt.. Alors, gérer un élevage.. Je n'aurais pas du accepter. Oui, je me débrouille, mais je ne monte même pas les chevaux ! Je m'en approche, les caresse, les panse. Les longe, parfois. Mais remonter ? Je n'y pense pas encore.. Bientôt, peut-être..
C'était maintenant à lui de regarder ses chaussures.
Pas évident, de racontrer tout ça comme ça.
Il l'avait fait 2 ou 3 fois, mais jamais avce des détails.
Seulement une chute de cheval dans un parcours, qui avait mis fin à la vie de Jump.
Alors raconter cela ainsi.. Et d'ailleurs, pourquoi l'avait-il fait ?
Il le regrettait déjà, elle devait le trouver idiot de lui raconter ce vieux souvenir qui le hantait encore..
Ou elle serait mal à l'aise et ce serait sa faute. Waw, brillante idée d'être aller lui raconter ça!

Ginger remarqua bien qu'il avait froncé les sourcils, mais elle préféra faire comme si et détourna les yeux. En apprendre plus sur elle, chaque fois, elle étiat mal à l'aise, comme sur des chardons ardents, prêtes à détaler au moindre mouvement, à la moindre parole. Elle était comme ça, nerveuse et fuyarde. Son consentement quant aux paroles que son instructeur lui avaient dites avant de monter pour la première fois lui fit chaud au coeur, et lorsqu'il rit d'elle, elle sut que ce n'était pas par méchanceté, d'ailleurs elle même riait. Elle secoua la tête en le poussant d'une épaule, légèrement ;

« Je te serais tombée dessus, on dirait que j'y suis vouée! »

Elle rit, encore, mais bientôt, l'atmosphère devint lourde, Ginger chercha prudemment son air, mais sans rien laisser paraître en dehors du tumulte qui s'installait soudainement en elle. Puis, il parla. Il lui raconta comment il était devenu directeur, comment il avait tué son cheval. Ginger en avait les larmes aux yeux. Ne pas pleurer. Ne jamais pleurer. Elle les ravala difficilement, une grosse boule remontait dans sa gorge, lui serrant le thorax jusqu'à lui couper le souffle. Elle risqua un regard à Michael. Il pleurait. Elle tendit son autre main et caressa de son pouce sa joue pour faire disparaître les larmes, comme on le ferait pour un enfant. Elle lui sourit, tristement certes, mais un sourire sincère. Puis, elle prit une grande inspiration et lui dit d'une voix apaisante, étonnament calme vu le tumulte en elle ;

« Michael, ce que tu viens de me dire, ça me touche, vraiment. Peut-être t'attends-tu à ce que je te prenne en pitié, mais je ne le ferai pas. Je préfère la compassion. Je serai là si tu as encore besoin de parler. Ne t'en fais pas, il faut prendre son temps pour surmonter une telle épreuve. Je ne te ferai pas la morale comme quoi tu ne devrais pas te sentir coupable. Seulement, je voudrais te faire partager un bout ma vie à mon tour. Pour que tu puisses comprendre pourquoi, à défaut de te prendre en pitié ou de te faire la morale, je suis triste. »

Elle avait toujours sa main sur sa joue, alors elle l'empêcha de répliquer en posant un index sur ses lèvres fines. Elle pencha la tête vers l'Avant, la main de Michael sur la sienne lui fit soudain l'effet d'une brûlure intense. Elle contrôla le tremblement de la main du jeune homme en la prenant entre les deux siennes, lâchant son visage.

« Il y a trois ans, je me suis fracturé le pied. Je n'ai jamais dit à personne, pas même au médecin, comment je me l'étais fait. La version connue, c'est que je suis tombée de cheval et que mon pied s'est pris dans l'étrier ― classique. Pourtant, je ne montais jamais sans l'accord du gérant et encore moins seule, cela faisait seulement un an que je montais! C'était la nuit, je revenais du bar où je m'étais saoulée comme jamais. Je marchais croche et je n'avais pas envie qu'on me voit dans ce sal état, surtout Jack, le fils du gérant dont je suis― étais amoureuse. »

Elle se racla la gorge, serrant un peu plus la main de Michale dans les siennes et la frappant parfois, pas très fort, contre sa cuisse à lui pour appuyer ses paroles. Elle s'assura d'avoir un parfait contrôle sur sa voix avant de reprendre ;

« Il y avait un garçon que je connaissais à la ville, il m'avait déjà courtisée et je savais où il habitait. Je m'y suis rendue, mais en arrivant chez lui, il m'a tirée à l'intérieur et s'est mis à me battre en me criant des insultes, comme quoi je n'étais qu'une salope qui l'avait trompé. J'ai pris des coups innombrables de barre de fer dans le dos et sur les bras, je porte encore les marques des plus violents. J'étais trop ivre pour me défendre, alors je me suis mise en petite boule et il m'a marché sur le pied, plusieurs fois. À la fin, il a arrêté. Il s'est mis à pleurer m'a pris dans ses bras. Le lendemain, je me suis rendue à l'hôpital, à pied puisqu'il avait déjà disparu. »

Cette fois, des larmes incontrôlables au souvenir de cette nuit fracassante se déversèrent sur ses joues, mais elle avait gardé le contrôle sur les trémolos de sa voix et seul les coups répétés sur la cuisse de Michael avec ses deux mains trahissaient la honte qu'elle avait. Elle releva les yeux vers lui, peu importe s'il voyait sa souffrance, il avait partagé la sienne. Ginger plongea dans ses yeux et s'y noya carrément, jusqu'à s'en étouffer, puis elle reprit, machinale, la voix lointaine et les yeux vitreux ;

« Je n'ai pas eu ton courage, je n'ai pas eu ta force. Toi, tu as su résister, tu as réussis à attendre, à te laisser le temps. Je vivais dans un monde de pression, comme toi avec tes nouvelles responsabilité, mais j'avais si honte de ce que cet homme m'avait fait que même avec mon plâtre, j'ai remonté. Et j'ai blessé un de mes chevaux préférés parce que j'ai paniqué, je ne sentais plus mon pied, je me suis mise à lui donner des grands coups dans les flancs. Il a détalé au grand galop, a sauté la barrière du manège et nous avons cavaldé jusque dans les prairies, là, il s'est effondré sous la selle. Il respirait mal, très fort et par saccades. J'ai été égoïste, je n'ai pensé qu'à moi. Aujourd'hui encore, je regrette de monter. Je regrette d'être heureuse avec un cheval, je ne le mérite pas. »

Elle éclata cette fois en sanglot, des grosses larmes salées roulaient et roulaient encore sur ses joues rouges de honte. Sans s'en apercevoir, elle avait serré la main de Michael contre sa poitrine, contre son coeur qui battait une chamade incompréhensible. Et maintenant, elle plongeait, quittant ses beaux yeux bleus, sur son épaule, cherchant le réconfort auprès d'un quasi-inconnu.

Michael s'appercut que Ginger avait les larmes aux yeux à son récit.
Pourtant, il n'avait pas voulu la faire pleurer.
Il avait voulu qu'elle en apprenne plus sur lui, simplement.
Et surtout, il avait voulu se confier à elle, ce pesant secret détaillé.
Il tressaillit sous le doux contact de sa main qui essuyait ses larmes, mais ne chercha pas à le suivre.
Tout cela était ridicule, il avait laissé quelques larmes coulées sur sa joue en public.
Mais elle était là, réconfortante.
Puis, elle parla. Il apprécia ces paroles sincères.
Il ne voulait surtout pas de pitié, non, il n'avait pas raconter la mort de Jump Holly Boy pour cela.
Son étalon valait beaucoup plus que cela.
Il allait parler à son tour quand elle posa son doigt sur sa bouche.
Elle avait donc quelque chose à dire à son tour.
Il prêta donc l'oreille à ses paroles, chassant ce souvenir de ses pensées pour porter toute son attention à Ginger.
Oui, tout cela était dur, il comprenait.
Mais pendant tout son récit, il se contenta de rester silencieux, caressant parfois d'une main tendre le dos de Ginger, ou encore sa chevelure sombre.
Il lui montrait ainsi qu'il comprenait, qu'il l'encourageait à continuer de raconter.
Il ne voulait aps parelr, car peut-être que cela la dérangerait et qu'elle cesserait de parler.
Mais il voulait qu'elle continue, parce qu'elle avait besoin de se vider le coeur, cela se voyait immédiatement.
Il voyait bien sa nervosité, et celle-ci était très comprenable, puisqu'elle faisait replonger Ginger dans ces vieux souvenirs.
Mick continua de l'écouter attentivement, puis regarda sa main qui pianotait sur sa cuisse.
Il attrapa sa main dans la sienne et la serra pendant quelques instants, mais finit par la relâcher quand elle se remit à parler.
Il fut surpris par la fin de cette 'histoire', parce qu'elle se disait qu'elle n'avait pensé qu'à elle.
Puis.. Ginger éclata en sanglots.
Mick fit la première chose qui lui vint à l'esprit, poussé par un élan de compassion et de tendresse envers la jeune demoiselle.
Il l'attira dans ses bras, la blottissant contre lui.
Mais avec douceur, pas avec fermeté, quand même, elle pouvait se dégager si son appui sur le torse de Mick lui déplaisait.
Quand même, raconter ces souvenirs douloureux devait être très difficile, il se sentait ému qu'elle les raconte à lui.
Puis, il prit la parole, réagissant surtout sur ces dernières paroles.
- Non, tu n'as pas pensé qu'à toi.. Ce n'est pas ta faute, en fait.. c'est celle de.. Jack, je crois ? Tu n'as rien à te reprocher, de toute façon.
Il ne voulait pas commenter son histoire, de peur de faire ça de travers.
Il se contenta de lui sourire docuement.
- Tu es forte, toi aussi. Courageuse aussi, je l'admet. Ne dis pas le contraire. La preuve, c'est que tu es ici, sur Horse Run. Tu as du coeur au ventre, donc.
Il lui avait parlé de sa voix rassurante qui laissait croire que tout irait bien.
Ouais, il avait ce don, avec sa voix.
Sa voix magnifique et agréable , personne ne le niait quand il chantait.
Lui chantant, sur le bord du feu, grattant sa guitare d'un air rêveur était un de ses telents secrets.
Il pouvait charmer de sa voix, rassurer, et tout plein d'autre chose.
Mais il n'abusait jamais de ce 'pouvoir' naturel, il ne voulait pas manipuler les autres.